Consultés depuis la mi-juillet par plusieurs de nos amis
adhérents inquiets, qui nous signalaient une « alerte » en raison de
l’imminence d’un « forage pétrole de schiste en Seine-et-Marne » et
de ce qui était décrit comme une « première phase d’exploration du pétrole
de schiste », il nous semble utile de faire, à nouveau, le point afin de
couper court à ce qui pourrait constituer une nouvelle tentative de
désinformation, nuisible à la cause que nous défendons sans relâche depuis
avril 2011.
Bien évidemment nous ne saurions nous leurrer sur les véritables intentions des pétroliers ou autres gaziers dans le Bassin parisien ou ailleurs : gagner du temps en attendant, espèrent-ils, de pouvoir mener à bien, dans un avenir plus ou moins distant, leurs objectifs d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures (liquides ou gazeux) de roche-mère.
A l’heure où nous rédigeons ces lignes seule une
vigilance s’impose, une vigilance totale certes, mais une vigilance éclairée,
loin de tout loin de tout amalgame et autre manipulation.
Toutefois, alors que l’intention première de ces
industriels est toujours d’actualité, elle se heurte aujourd’hui à :
-
une législation interdisant la fracturation
hydraulique, seul procédé utilisé dans l’exploration et l’exploitation du schiste
(Loi du 13 juillet 2011, dite « Loi Jacob »)
-
et à une explicitation
de la réglementation extrêmement claire grâce à la circulaire du l’ancienne
ministre de l’environnement en date du 21 septembre 2012 et à sa mise en œuvre concrète par les arrêtés
préfectoraux du 30 avril 2013 concernant les forages de recherche de
Chartronges, Doue et Jouarre (La Petite
Brosse ). Voir documents ci-dessous :
Afin de permettre à chacun de mieux comprendre cette
réalité nous vous invitons à consulter les documents accessibles grâce aux
liens ci-dessus.
Chacun pourra ainsi vérifier qu’il n’y a aujourd’hui
aucune menace directe d’exploration du schiste contrairement à ce que certaines
rumeurs voudraient nous le faire croire. Rappelons par ailleurs que pareille
exploration nécessiterait l’utilisation de la fracturation hydraulique, procédé
interdit en France depuis la loi Jacob (cf. supra) pour l’exploration et l’exploitation des mines d’hydrocarbures liquides ou
gazeux.
Pareilles rumeurs sont
dangereuses, on peut d’ailleurs s’interroger sur leur motivation véritable.
Chacun pourra y réfléchir. Contentons
nous de suggérer qu’elles sont, pour le moins, le fruit de tentatives de
manipulation partisanes et font tristement le jeu des pétroliers en jetant le
discrédit sur le mouvement citoyen auquel nous participons pleinement et qui
s’est mis en place début 2011.
Potentiellement plus
dangereuse, dans un avenir proche, est la décision qui doit être rendue à
l’automne (au plus tard le 12 octobre prochain) par le Conseil Constitutionnel
sur la QPC (Question Prioritaire de Constitutionnalité) que lui a transmise le
Conseil d’Etat le 12 juillet dernier. En effet, si le Conseil Constitutionnel
débouchait sur une déclaration d’inconstitutionnalité des articles 1 et 3 de la loi du 13 juillet
2013 cela pourrait rapidement conduire à un début d’exploration des
hydrocarbures dits « non conventionnels ».
Cependant le danger reste en partie maîtrisé car ce
risque pourrait être immédiatement contré par une décision du gouvernement de
présenter un nouveau texte de loi qui intègrerait les recommandations et les
conclusions du Conseil Constitutionnel.
C’est d’ailleurs cette formule que semble retenir l’actuel ministre de
l’environnement, M. Philippe Martin, dans un entretien accordé au Journal du Dimanche (21 juillet 2013)
que nous citons ci-après :
Question du JDD : « Que ferez-vous si le Conseil constitutionnel
annule l'interdiction d’explorer? »
Réponse de Philippe
Martin :
« Nous allons défendre
la loi qui interdit la fracturation hydraulique. Mais s'il y avait une censure,
même partielle, nous rétablirions l'interdiction sans hésitation. Il n'y aura
pas de faille ouverte pour ceux qui souhaitent revenir sur cette loi. »
Source JDD, le 21/07/2013
Avant de conclure, rappelons aussi la prise de position,
du Président de la République à l’occasion de son interview du 14 juillet
dernier : "Tant que je suis président, il n'y aura pas d'exploration de gaz
de schiste".
F. Hollande parle bien « d’exploration », ce qui signifie que
la recherche et l’exploration ou évaluation du sous-sol avec fracturation
hydraulique sont exclues. Ici aussi, il
conviendra, certes, de rester vigilant, mais la clarté de cette prise de
position est indiscutable. Il est vain et quelque peu malhonnête de vouloir ici
opposer « gaz » et « huile » comme certains semblent tentés
de le faire.
En conclusion, les travaux entrepris aujourd’hui dans le Bassin
Parisien par les entreprises HESS et Vermilion, y compris à Jouarre et à
Chartronges, sont des forages conventionnels. A Chartronges, comme à la Petite
Brosse, les forages qui ont eu lieu ou qui sont le point de commencer visent à
analyser la colonne sédimentaire jusqu’à une profondeur se situant entre 3000
et 3500 m.
C’est ce qui peut donner lieu à des interrogations légitimes, car à
cette profondeur on voit bien que le Lias – où se trouverait une réserve
potentielle d’huile de schiste – est concerné.
Ainsi on peut, bien évidemment,
s’interroger sur le bien fondé de ces forages, mais répétons le, il ne s’agit
pas d’une exploration du schiste qui nécessiterait l’emploi de la fracturation
hydraulique.
Ce sont, en partie, des manœuvres qu’il convient de placer dans un
cadre économique purement spéculatif permettant de justifier l’existence d’une
activité réelle auprès d’actionnaires. Il serait donc irresponsable et partisan
que de vouloir inquiéter indûment les populations en laissant croire ou, plus
grave encore, en colportant la rumeur qu’une exploration du schiste en bonne et
due forme aurait bel et bien déjà
commencé.
En outre, il nous semble utile de parvenir à une meilleure connaissance
de notre sous-sol, ne serait-ce que pour constater que « l’eldorado »
que l’on voudrait nous faire miroiter ne se trouve pas sous nos pieds. De
nombreux spécialistes s’insurgent aujourd’hui contre l’inflation des
estimations proposées par l’industrie et quelques économistes.
Comme toujours sachons raison garder !