mercredi 24 avril 2013

L'interdiction d'utiliser la fracturation hydraulique anticonstitutionnelle ?


C'est en tout cas ce que soutient la société Schuepbach qui a déposé une question prioritaire de constitutionnalité au Conseil constitutionnel (QPC) visant les articles 1er et 3 de la loi du 13 juillet 2011, dite « loi Jacob »

Le pétrolier texan utilise cette procédure dans le cadre d'une contestation de l'abrogation de ses permis de recherche (Nant et Villeneuve de Berg) contre le ministère de l'Ecologie et du Développement durable, devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise. 

La question prioritaire de constitutionnalité a été introduite par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008, et permet à tout justiciable de contester devant le Conseil constitutionnel une disposition législative qui porterait atteinte à ses droits et libertés, garantis dans la Constitution. La recevabilité de la question est étudiée par le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction de l’ordre administratif.  

Une fois saisi de la question, le Conseil constitutionnel dispose de trois mois pour y répondre. Pour mémoire, nous rappelons qu’il est composé de neuf membres nommés pour 9 ans : trois par le président du Sénat, trois par le président de l’assemblée et trois par le président de la République. Les anciens présidents en sont membres à vie de droit.  

Sur quoi s’appuie la QPC ?  

Schuepbach estime que l’interdiction de la fracturation hydraulique ne respecte le principe d’égalité des citoyens devant le droit. Pour le pétrolier, autoriser la géothermie profonde – qui a recourt à la fracturation hydraulique – mais l’interdire pour l’exploitation des hydrocarbures de schiste est contraire à la constitution.  

Il nous faut rappeler que si la géothermie profonde utilise effectivement cette technique, les implications ne sont nullement comparables avec celles induites par la fracturation de la roche mère. Les produits utilisés ne sont pas les mêmes, les quantités en jeu ne sont pas comparables, et l’objet sur lequel porte la technique n’est pas le même. Par analogie, si une foreuse est le bon outil pour percer une planche en bois, il est vivement déconseillé de l’utiliser pour percer un pipeline. Prétexter que puisque l’outil est le même, les implications sont les mêmes, est clairement fallacieux.  

Reste que si le Conseil constitutionnel invalide la loi Jacob, l’utilisation de la fracturation hydraulique par les pétroliers pourrait survenir extrêmement rapidement, dans la mesure où les permis sont d’ores et déjà attribués.  

Une décision à surveiller de près.

Pour de plus amples détails sur la QPC, consultez le Conseil National des Barreaux