mercredi 31 juillet 2013

Cessons de crier au loup!


Consultés depuis la mi-juillet par plusieurs de nos amis adhérents inquiets, qui nous signalaient une « alerte » en raison de l’imminence d’un « forage pétrole de schiste en Seine-et-Marne » et de ce qui était décrit comme une « première phase d’exploration du pétrole de schiste », il nous semble utile de faire, à nouveau, le point afin de couper court à ce qui pourrait constituer une nouvelle tentative de désinformation, nuisible à la cause que nous défendons sans relâche depuis avril 2011.

Bien évidemment nous ne saurions nous leurrer sur les véritables intentions des pétroliers ou autres gaziers dans le Bassin parisien ou ailleurs : gagner du temps en attendant, espèrent-ils, de pouvoir mener à bien, dans un avenir plus ou moins distant, leurs objectifs d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures (liquides ou gazeux) de roche-mère.

A l’heure où nous rédigeons ces lignes seule une vigilance s’impose, une vigilance totale certes, mais une vigilance éclairée, loin de tout loin de tout amalgame et autre manipulation.

Toutefois, alors que l’intention première de ces industriels est toujours d’actualité, elle se heurte aujourd’hui à :

-           une législation interdisant la fracturation hydraulique, seul procédé utilisé dans l’exploration et l’exploitation du schiste (Loi du 13 juillet 2011, dite « Loi Jacob »)
-          et à une explicitation de la réglementation extrêmement claire grâce à la circulaire du l’ancienne ministre de l’environnement en date du 21 septembre 2012  et à sa mise en œuvre concrète par les arrêtés préfectoraux du 30 avril 2013 concernant les forages de recherche de Chartronges, Doue  et Jouarre (La Petite Brosse ). Voir documents ci-dessous :
Afin de permettre à chacun de mieux comprendre cette réalité nous vous invitons à consulter les documents accessibles grâce aux liens ci-dessus.  

Chacun pourra ainsi vérifier qu’il n’y a aujourd’hui aucune menace directe d’exploration du schiste contrairement à ce que certaines rumeurs voudraient nous le faire croire. Rappelons par ailleurs que pareille exploration nécessiterait l’utilisation de la fracturation hydraulique, procédé interdit en France depuis la loi Jacob (cf. supra) pour l’exploration et l’exploitation des mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux. 

Pareilles rumeurs sont dangereuses, on peut d’ailleurs s’interroger sur leur motivation véritable. Chacun pourra y réfléchir.  Contentons nous de suggérer qu’elles sont, pour le moins, le fruit de tentatives de manipulation partisanes et font tristement le jeu des pétroliers en jetant le discrédit sur le mouvement citoyen auquel nous participons pleinement et qui s’est mis en place début 2011. 

Potentiellement plus dangereuse, dans un avenir proche, est la décision qui doit être rendue à l’automne (au plus tard le 12 octobre prochain) par le Conseil Constitutionnel sur la QPC (Question Prioritaire de Constitutionnalité) que lui a transmise le Conseil d’Etat le 12 juillet dernier. En effet, si le Conseil Constitutionnel débouchait sur une déclaration d’inconstitutionnalité  des articles 1 et 3 de la loi du 13 juillet 2013 cela pourrait rapidement conduire à un début d’exploration des hydrocarbures dits « non conventionnels ». 

Cependant le danger reste en partie maîtrisé car ce risque pourrait être immédiatement contré par une décision du gouvernement de présenter un nouveau texte de loi qui intègrerait les recommandations et les conclusions du Conseil Constitutionnel.  C’est d’ailleurs cette formule que semble retenir l’actuel ministre de l’environnement, M. Philippe Martin, dans un entretien accordé au Journal du Dimanche (21 juillet 2013) que nous citons ci-après :
 
Question du JDD : « Que ferez-vous si le Conseil constitutionnel annule l'interdiction d’explorer? »
Réponse de Philippe Martin :
«  Nous allons défendre la loi qui interdit la fracturation hydraulique. Mais s'il y avait une censure, même partielle, nous rétablirions l'interdiction sans hésitation. Il n'y aura pas de faille ouverte pour ceux qui souhaitent revenir sur cette loi. »
Source JDD, le 21/07/2013
 
Avant de conclure, rappelons aussi la prise de position, du Président de la République à l’occasion de son interview du 14 juillet dernier : "Tant que je suis président, il n'y aura pas d'exploration de gaz de schiste".

F. Hollande parle bien « d’exploration », ce qui signifie que la recherche et l’exploration ou évaluation du sous-sol avec fracturation hydraulique sont  exclues. Ici aussi, il conviendra, certes, de rester vigilant, mais la clarté de cette prise de position est indiscutable. Il est vain et quelque peu malhonnête de vouloir ici opposer « gaz » et « huile » comme certains semblent tentés de le faire. 

En conclusion, les travaux entrepris aujourd’hui dans le Bassin Parisien par les entreprises HESS et Vermilion, y compris à Jouarre et à Chartronges, sont des forages conventionnels. A Chartronges, comme à la Petite Brosse, les forages qui ont eu lieu ou qui sont le point de commencer visent à analyser la colonne sédimentaire jusqu’à une profondeur se situant entre 3000 et 3500 m.
C’est ce qui peut donner lieu à des interrogations légitimes, car à cette profondeur on voit bien que le Lias – où se trouverait une réserve potentielle d’huile de schiste – est concerné.
 
 Ainsi on peut, bien évidemment, s’interroger sur le bien fondé de ces forages, mais répétons le, il ne s’agit pas d’une exploration du schiste qui nécessiterait l’emploi de la fracturation hydraulique. 

Ce sont, en partie, des manœuvres qu’il convient de placer dans un cadre économique purement spéculatif permettant de justifier l’existence d’une activité réelle auprès d’actionnaires. Il serait donc irresponsable et partisan que de vouloir inquiéter indûment les populations en laissant croire ou, plus grave encore, en colportant la rumeur qu’une exploration du schiste en bonne et due forme  aurait bel et bien déjà commencé. 

En outre, il nous semble utile de parvenir à une meilleure connaissance de notre sous-sol, ne serait-ce que pour constater que « l’eldorado » que l’on voudrait nous faire miroiter ne se trouve pas sous nos pieds. De nombreux spécialistes s’insurgent aujourd’hui contre l’inflation des estimations proposées par l’industrie et quelques économistes. 

Comme toujours sachons raison garder !