mercredi 6 avril 2011

" État des connaissances sur la relation entre les activités liées au gaz de schiste et la santé publique" publié par l'Institut National de Santé Publique du Québec le 14 janvier 2011


Vous trouverez ci-dessous un extrait des conclusions du rapport préliminaire sur " État des connaissances sur la relation entre les activités liées au gaz de schiste et la santé publique" publié par l'Institut National de Santé Publique du Québec le 14 janvier 2011 :

"La santé publique a pour mandat de protéger et d’améliorer la santé et le bien-être des populations. Cette étude, réalisée dans un très court laps de temps à partir d’une recension des écrits techniques et scientifiques, visait à identifier l’impact potentiel sur la santé humaine à court et à long termes, pouvant être associé aux activités d’exploitation du gaz de schiste au Québec. Le soudain intérêt suscité par cette industrie crée des tensions dans la population. Des débats animés s’élèvent sur les enjeux de cette exploitation, incluant ceux d’ordre environnemental et de santé publique. Ceci n’est pas l’apanage du Québec : pareils débats existent également aux États-Unis, où l’industrie gazière s’est installée depuis quelques années. Pourquoi des enjeux sanitaires sont-ils soulevés? Le problème est complexe et comporte des volets variés. Le présent rapport a abordé chacun de ces aspects.

Bilan de l’état des connaissances sur les effets possibles à la santé

Cette étude a documenté les impacts possibles des activités de cette industrie sur la santé. En fait, la démarche a cherché à vérifier l’hypothèse d’un lien causal entre divers événements (effets sur la santé, contamination ou modifications de l’environnement) et les activités d’exploration et d’exploitation du gaz de schiste. L’accent a été mis sur les facteurs de risques à la santé, à court et long termes, ainsi que sur les éléments à considérer pour identifier et pour prévenir ces risques. Les résultats se fondent sur une analyse des écrits disponibles, qui sont uniquement nord-américains. Les informations ainsi obtenues ont permis en partie d’étayer l’hypothèse d’un lien causal entre l’exploitation du gaz de schiste et certains effets sur la santé. Pour chacune des thématiques abordées dans ce document, des constats se dégagent.

Risques technologiques

Des accidents et des incidents en lien avec les activités d’exploitation du gaz de schiste ont été rapportés dans la littérature. La gravité des atteintes à la santé rapportées varie de blessures légères à des décès, auprès de travailleurs de l’industrie du gaz de schiste et de la population en général. La fréquence des incidents et des accidents étant toutefois peu documentée et leur surveillance non systématique, il est impossible d’estimer leur fréquence historique aux États-Unis et au Canada. Des causes multiples sont associées à ces événements (erreurs humaines, défaillances matérielles, erreurs techniques, entreposage inadéquat, migration de gaz, accidents de transport, etc.). Par ailleurs, des lacunes ont été constatées en matière de mise en œuvre des mesures d’urgence de l’industrie. La mise en place de mesures d’urgence efficaces et opérationnelles dans chaque zone d’exploitation de ce gaz représente un défi important, particulièrement si les installations de cette industrie sont situées à proximité des zones d’habitation.
Risques liés à la pollution de l’air

Les activités sur le site utilisent des combustibles fossiles (diesel, par exemple) et contribuent à augmenter les polluants traditionnels émis par cette combustion, tels les oxydes d’azote (NOx) et de soufre (SOx), les composés organiques volatils (COV), les particules et plusieurs autres. Certains de ces polluants, comme les COV, sont aussi émis lors des essais de production car des émissions sont associées au gas flaring. Il est probable que l'augmentation des niveaux de polluants soit surtout localisée à proximité des sites d'activité. Les travailleurs et les résidants demeurant à proximité du site seraient donc les personnes les plus à risque de respirer ces polluants. Cependant, des données sont manquantes pour appuyer cette hypothèse. Même si les effets de ces polluants sont en général bien connus, il est impossible d’estimer a priori le risque associé à leur exposition en lien avec l'exploitation et l’exploration du gaz de schiste car les conditions d'exposition ne sont pas connues. Des informations sur la nature de chaque projet d’exploration et d’exploitation gazifière sont requises (c.-à-d. quantification des émissions) afin d'estimer l'exposition des populations. Ces informations devraient permettre d’estimer les risques associés aux émissions de chacun des puits, de même que les risques associés à plusieurs puits sur un site restreint ou dans une sous-région.

Risques reliés à la contamination de l’eau

À ce jour, il n’existe pas d’étude approfondie sur les effets à la santé reliés à l’eau et l’exploitation du gaz de schiste. Les procédés d’exploitation de cette industrie utilisent ou rejettent, lors des opérations, plusieurs substances chimiques dont certaines ont un potentiel toxique reconnu et qui pourraient affecter la santé de la population advenant une contamination de l’eau. Les connaissances sur la qualité de l’eau liée à l’exploitation du gaz de schiste sont fragmentaires; les zones d’exploitation qui font l’objet d’une surveillance de la contamination de l’eau sont rares. Des cas de contamination de l’eau souterraine (par des substances diverses) ont été rapportés dans la littérature et sont suspectés, mais non confirmés, être reliés à l’exploitation du gaz de schiste. Parmi ces cas, des contaminations par du méthane ont été associées aux activités d’exploitation du gaz de schiste, à la suite d’explosions de résidences résultant de l’infiltration du méthane des puits privés. La gestion des eaux usées paraît un enjeu important. Il a été impossible d’estimer le risque associé à l’exposition à ces contaminants de l’eau en lien avec l’exploitation du gaz de schiste puisque leur nature, leur toxicité, leur concentration environnementale et l’exposition à ces contaminants ne sont pas connues. Considérant l’accroissement de cas suspectés et pour pallier à ce manque d’information, l’Agence de protection américaine de l’environnement (US EPA) a d’ailleurs été mandatée pour réaliser une étude exhaustive visant à déterminer les impacts sanitaires et environnementaux des activités de fracturation hydraulique sur les sources d’approvisionnement en eau potable; les premiers résultats préliminaires devraient être accessibles vers la fin de l’année 2012. Cette initiative devrait amener le Québec à être prudent en développant ses connaissances au sujet de cette industrie naissante.

Risques d’effets sur la qualité de vie

Les écrits sur les projets industriels d’exploration et d’exploitation du gaz de schiste mettent en lumière certains changements dans la qualité de vie des populations avoisinantes. Ces changements sont d’abord associés à l’augmentation importante de nuisances spécifiques, issues de la circulation, du bruit, de la luminosité et des vibrations. Des effets sociaux ont aussi été constatés dans des communautés ou des régions diversifiées, et une bonne part semble directement associée à l’effet boomtown, lié à l’augmentation rapide de la population. Quoique cette croissance comporte une dimension positive associée à l’accroissement des activités économiques, le bilan à moyen et à long termes est toutefois plutôt négatif selon les études disponibles. Ces aspects négatifs sont notamment associés à de nouvelles dynamiques sociales et à une demande accrue en matière de services et d’infrastructures de tous secteurs."

L'intégralité de ce rapport est disponible à partir du lien suivant:
http://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/1177_RelGazSchisteSantePubRapPreliminaire.pdf